Changement de régime de la croissance économique indienne
Vivien Massot
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D’ici 2027, l’Inde va inéluctablement grimper à la 3ème place des puissances économiques, derrière les Etats-Unis et la Chine.
Les prévisions du FMI (qui seront remises à jour en avril 2023) présentent des perspectives robustes de croissance économique d’ici 2027. Le PIB devrait croitre de plus de 6% en moyenne par an au cours des six prochaines années.
Il faut noter que la croissance économique moyenne a été sensiblement plus élevée au cours de la décennie précédente (+6.9% a/a en moyenne entre 2010 et 2019), ce qui a permis a l’économie indienne de doubler sa taille. Puis, grâce à la forte reprise économique après la crise de pandémie de la Covid-19 en 2020, le PIB de l’Inde a atteint près de 3,500 milliards de dollar US, se plaçant ainsi au 5ème rang des puissances économiques mondiales, derrière l’Allemagne et dorénavant devant le Royaume-Uni et la France.
Le choc de la crise Covid-19 a entrainé une contraction de l’économie indienne, mais également un changement significatif de régime de croissance en terme nominal. En raison d’un effet de taille grandissant, l’incrément annuel moyen de PIB (exprimé en prix courants) devrait plus que doubler, en passant de 220 milliards de dollar US par an entre 2010 et 2019 à plus de 450 milliards de dollar US par an entre 2021 et 2027. Cela confirme la hausse importante des revenus domestiques dans l’économie au cours des années à venir, avec une taille additionnelle de marché substantielle représentant un potentiel fortement accru d’investissements privés et de consommation des ménages.
De plus, l’Inde va inéluctablement atteindre 5,000 milliards de dollar US d’ici 2027, un objectif clair du Premier Ministre indien (même s’il ambitionne d’atteindre ce niveau dès 2025), et grimper à la 3ème place des puissances économiques, derrière seulement les Etats-Unis et la Chine.
Cependant, la croissance potentielle de l’Inde est contrainte par des facteurs non-négligeables ; la moyenne proche 6% en moyenne annuelle – ostensiblement en deçà d’une croissance à deux chiffres (telle qu’enregistrée pendant plusieurs années consécutives chez le voisin et concurrent chinois) – pourrait s’avérer insuffisante pour absorber les afflux de main d’œuvre anticipés sur le marché du travail.
En effet, l’insuffisance d’accumulation de capital productif, une sous-utilisation de la main d’œuvre disponible qui se manifeste par une participation très limitée des femmes au monde du travail et le sous-emploi chronique des jeunes, et la décélération de la croissance de la productivité après des gains considérables dans les services au cours des années 2000 ne vont pas permettre à la croissance économique de décoller plus rapidement, même si l’effet de taille favorable entraine des opportunités considérables d’affaires.
Vivien Massot